Hypnose éricksonienne et psychanalyse ?
On entend souvent que l’hypnose et la psychanalyse sont antagonistes et que Freud a abandonné la technique hypnotique au profit de la thérapie par libre association. Pourtant, les choses sont plus compliquées que cela. Freud lui-même a ainsi continué à se questionner sur l’usage de l’hypnose à différents moments de sa carrière. Au-delà de l’aspect historique, ce qui va nous intéresser ici, ce sont surtout les points de convergence entre psychanalyse et hypnose éricksonienne, puisque l’hypnose que nous pratiquons aujourd’hui en cabinet n’est plus la même qu’au temps de Freud. Ces points de rencontre, je les présenterai sous forme d’une petite liste ne prétendant pas à l’exhaustivité :
- Le transfert. Transfert et contre-transfert sont essentiels dans la thérapie psychanalytique. Pour rappel, le transfert tel que conceptualisé par Freud désigne la façon dont le patient va investir son thérapeute, ceci passant bien souvent par un déplacement d’affect consistant en ce que le patient va rejouer une relation infantile dans l’interaction avec son thérapeute, souvent assimilé à une figure parentale. En hypnose, si le transfert a moins le temps de se mettre en place puisqu’il s’agit en général d’une thérapie courte, il n’en joue pas néanmoins un rôle fondamental. La qualité de l’interaction entre le thérapeute et le patient entre en compte dans la réussite de la thérapie et pas seulement dans le fait de bien s’entendre ou pas puisque dans cette dynamique ce sont bien d’autres enjeux moins conscients qui se jouent.
- L’orientation vers une plus grande liberté intérieure. Si l’hypnose éricksonienne est une thérapie orientée vers le traitement du symptôme alors que la psychanalyse vise plutôt une meilleure connaissance de soi-même par le biais d’une auto-analyse, les deux visent à libérer l’individu des carcans qui le contraignent ou du moins à lui faire prendre conscience de ses schémas récurrents. Il s’agit déjà via les deux techniques d’aider le patient à s’interroger sur son désir de changement (ou son refus), en préalable à toute action thérapeutique ultérieure.
- Le recours au souvenir pour mieux comprendre ses réactions. Nous sommes le produit de notre éducation et de notre passé, notamment des interactions précoces que nous avons entretenues avec nos proches. Si la psychanalyse va bien davantage que l’hypnose éricksonienne explorer le passé du sujet, les deux techniques mobilisent souvent l’énergie des souvenirs tels que nous les recréons au fur et à mesure du temps, en nuançant fortement le fantasme du souvenir « vrai », « revécu » y compris dans ses aspects traumatisants. Le « retour » vers l’enfance (parfois via l’enfant intérieur) est ainsi une pratique relativement commune à l’hypnose éricksonienne et à la psychanalyse, même si les disciplines n’en font pas le même usage.
- L’incitation à la métacognition. Psychanalyse et hypnose éricksonienne invitent les patients à amorcer une réflexion quasi constante sur leurs croyances, leurs pensées ou encore leurs réactions. C’est ici que l’autohypnose peut notamment entrer en jeu, en proposant des outils pour travailler sur soi-même et apprendre par exemple à repérer ses automatismes pour pouvoir les déjouer en ouvrant au jour le jour de nouvelles voies de réactions.
- La non-directivité. La psychanalyse et l’hypnose éricksonienne ne prétendent pas faire changer qui que ce soit contre son gré. Point de manipulation ni de stratégie d’influence contrairement à ce que certains croient parfois. Psychanalyse et hypnose éricksonienne sont des pratiques non directives. Le patient garde le contrôle de ses choix.
- La prise en compte de la pulsion. La psychanalyse et l’hypnose éricksonienne envisagent l’énergie psychique de diverses façons, que l’on parle de libido, d’orientation pulsionnelle ou plus prosaïquement de besoin. Ce que les deux disciplines ont en commun, c’est qu’elles partent du principe que les comportements (y compris mentaux) répondent initialement à un besoin ressenti par l’individu, souvent assez inconsciemment d’ailleurs.
Pourquoi ce symptôme ? Comment est-il arrivé là ? Quelles fonctions vient-il occuper ?
Suite dans le Volet 2…